Je n’ai pas pour habitude de dévoiler mon bulletin de vote tant j’estime que chacun doit mener cette charge citoyenne en son âme et conscience sans entonner des appels à voter pour tel ou tel candidat, que ça soit par conviction ou par opposition. Néanmoins, la situation que traverse notre pays m’invite à le faire et c’est l’explication qui est certainement le plus important.

L’on entend depuis pratiquement quinze jours déjà, certaines personnalités appelant à voter pour Emmanuel MACRON afin de faire barrage à l’extrême droite ; l’on entend également et – au contraire – des appels à voter pour Marine LE PEN afin, pour les voix n’étant pas d’adhésions, d’obtenir stratégiquement plus de chances d’avoir un Parlement d’opposition d’ici quelques semaines et entrer dans une période de cohabitation.

Hélas dans ces deux scénarios c’est la France qui se retrouve perdante, comme elle le serait également avec l’extrême gauche si elle devait se retrouver détentrice de quelques pouvoirs que ce soit.

Aujourd’hui, dans ce second tour de l’élection présidentielle française, je n’ai ni voté pour un camp ni pour un autre. Mon bulletin, considéré comme nul, parle pourtant de lui-même.

On pourrait me dire que cela ne sert à rien de déposer un tel bulletin dans l’urne. Je le réfute pourtant. Car les chiffres de l’abstention sont étudiés mais également les chiffres des bulletins blancs ou nuls et je suis certain que leur représentation en nombre pourrait faire évoluer les choses tant la réflexion est grande, et tant celui ou celle qui sera élu(e) ce soir devra prendre en considération ce choix citoyen.

Je ne peux en effet me résigner à accorder ma voix à celui qui pendant cinq années déjà – et peut-être demain cinq autres – a réussi à creuser les inégalités sociales, la pression face aux revenus modestes, et l’acquittement face à certains ennemis de la République. Même s’il faut tenir compte lors de ces dernières années de la crise sanitaire qui est venue frapper ce mandat présidentiel, l’on retiendra la cacophonie d’un gouvernement à la dérive pour tant de sujets : approvisionnement des masques, concurrence des établissements dits « essentiels et non essentiels », hausse vertigineuse de l’ensemble des prix, mesures puis contre-mesures décidées en fonction de la satisfaction d’une frange de la population, avantages aux hauts-revenus qui n’ont jamais gagné autant face à ceux ayant les fins de mois toujours plus difficiles favorisant la paupérisation de notre – soi-disant – grande nations. Que dire encore des cadeaux annoncés ces derniers jours, comme lancés à la mer juste pour le plaisir des yeux, quand dans le même temps les rapports Mc Kinsey sont mis au grand jour ?

« Avec 2 milliards mobilisés par an, la stratégie de lutte contre la pauvreté n’est pas à la hauteur des enjeux sociaux, c’est deux fois moins que les cadeaux fiscaux aux plus riches… Nous avons une pauvre politique pour les pauvres » Louis Maurin, fondateur de l’Observatoire des inégalités.

Je ne peux également me résigner à accorder ma voix à celle qui choisit la fracture en fonction de l’origine de chaque individu, qui change de cap en fonction des mandats qu’elle brigue, et qui amalgame étrangers à ennemis même si des décisions doivent en effet être décidées.

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Heureusement, je n’oublie pas enfin que pour la première fois depuis des décennies des candidats bonapartistes et gaullistes seront présents pour les élections législatives et qu’ils peuvent proposer une nouvelle voie face à celles sectaires que nous proposent les politiciens professionnels.

En tout état de cause, ces candidats ne revêtent pas un programme nostalgique des temps passés mais au contraire savent tirer parti des enseignements du passé pour proposer des solutions concrètes face aux problèmes contemporains que subit notre pays.

Alors peu importe le résultat qui sera officialisé dans quelques heures, je ne pense pas que le terme « victoire » pourra s’accorder à celui de « France ».

Les partis traditionnels s’étant lamentablement écrasés il y a deux semaines, devront tous autant qu’ils soient, se remettre en question et revoir leur copie.

Pour l’heure, et face à ceux qui critiquent les institutions de notre République, je ne saurais que trop leur répondre que ça n’est pas le bâtiment qui pose soucis, mais ses locataires qui, à force de mépris, ont réussi à éloigner le Peuple de la démocratie.

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