Lundi 18 avril dernier j’étais une nouvelle fois l’invité de la chaîne d’information Now.Ashaq de Dubaï pour évoquer les répercutions économiques subies notamment par l’Europe, dans le prolongement de la guerre actuellement en cours en Ukraine.

*** Voir la vidéo ***

J’ai rappelé que le cours du Brent est actuellement à 113 dollars le baril, en hausse depuis le 11 avril sans toutefois atteindre son record de 2008 à 147 dollars. Pourtant, et malgré les mesures gouvernementales françaises, les prix à la pompe restent extrêmement élevés.

Le continent européen a effectué un embargo sur le charbon russe mais pas sur le pétrole et le gaz à cause de sa grande dépendance. Ainsi, l’on peut se poser naturellement la question de savoir si l’Europe ne serait pas schizophrène puisqu’elle condamne l’invasion russe sur le territoire ukrainien, mais dans un même temps en finance très certainement les opérations.

En effet, depuis le début de la guerre en Ukraine, le Kremlin a engendré 27,3 milliards de dollars avec les achats de pétrole, gaz et charbon de l’UE.

En 2020-2021, 45% de ses importations de gaz, 47% de celles de charbon, et de 25% à 30% de celles de pétrole venaient de Russie.

Un embargo sur le pétrole et le gaz russe serait donc nécessaire pour clarifier la position européenne dans ce conflit, néanmoins la dépendance de plusieurs de ses États membres rendent la décision difficile à prendre. Cela pourrait  même nécessiter plusieurs mois avant de prendre les décisions qui s’imposent peut être.

Il ne faut pas oublier que ce conflit géopolitique entre le continent européen et la Russie tend pour cette dernière à regarder vers la Chine qui a depuis doublé ses achats de produits énergétiques russes et Gazprom va même construire un nouveau gazoduc de 900 kilomètres entre les deux pays pouvant transporter 50 milliards de mètres cubes de gaz par an, soit à peu près le même volume que Nord Stream 2 en Europe.

Nous devons très certainement nous en inquiéter.

Quelques chiffres :

Dépendance de l’Europe pour le gaz russe :

  • 17 % pour la France,
  • 65 % pour l’Allemagne
  • 93 % pour l’Estonie,
  • 95 % pour la Hongrie,
  • 100 % pour la République tchèque et la Lettonie.

A la question qui m’a été posée de savoir si la Libye pourrait devenir un partenaire remplaçant la Russie pour le pétrole, j’ai répondu que cette possibilité n’est selon moi pas la meilleure option pour compenser les besoins. En effet la Lybie, outre son caractère politique relativement instable, ne représente que 5 % des besoins mondiaux, derrière le Kazakhstan (14 %), le Nigeria (12 %), l’Algérie (11 %) ou enfin la Norvège (6 %).

Leave a Comment