Lundi 21 mars 2022 j’étais l’invité de la chaîne d’information Now.asharq de Dubaï pour évoquer l’actualité économique tendue dans ce contexte de guerre en Ukraine. Alexandre Zasypkine, ancien diplomate russe était également invité.

Alors que les Etats-Unis et le Royaume-Unis ont décidé d’imposer un embargo sur le gaz et le pétrole russe, la question est désormais de savoir si l’Europe doit et peut suivre les mêmes chemins.

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Ce raisonnement est de plus en plus ouvert puisque le brut de Brent vient de dépasser les 111 dollars le baril, et les tarifs à la pompe qui s’étaient relativement réduits ces derniers jours repartent à la hausse.

Cependant, si la question semble simple, j’ai démontré sur le plateau en duplex que la réponse ne l’est pas tout autant.

L’Europe ne peut pas se passer du troisième producteur mondial de pétrole dans la mesure où elle s’en est rendue bien dépendante. Pour mémoire, 60,7 % de la consommation énergétique du vieux continent sont satisfaits par l’importation.

Pour le pétrole russe cela représente 40 % de ses importations. l’Europe importe environ 4 millions de barils par jour de la Russie !

La question est d’autant plus ouverte puisque l’on peut également penser qu’en maintenant ses acquisitions de gaz et de pétrole, l’Europe finance de manière indirecte cette guerre en Ukraine menée par la Russie. En effet, l’Union Européenne a acheté près de 17 milliards d’euros de gaz et de pétrole russe
depuis le début du conflit !

Mais alors comment se passer des denrées moscovites ? Si les européens souhaitent se tourner vers des producteurs alternatifs il faut savoir que seuls quelques pays de l’OPEP+ ont la capacité d’augmenter leur production
de manière significative, à savoir les producteurs du Golfe, l’Arabie saoudite
et les Émirats arabes unis.

Ensemble ils disposent d’environ 4 millions de barils par jour de capacité
de réserve pouvant être mis sur le marché dans un délai de 3 à 6 mois.

Cependant tout ne peut pas se faire du jour au lendemain et le continent européen aura bien du mal dans le court terme à se passer de ses importations russes… Si l’Europe souhaite se diriger vers un réel embargo, il est fort à parier que les prix du gaz mais surtout du carburant devraient subir une hausse conséquente, poussant même certains pays à rouvrir leurs centrales à charbon… L’Allemagne a, quant à elle, choisi cette voie et a refusé de maintenir ses dernières centrales nucléaires encore en activité… Le climat l’en remerciera une fois encore.

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