
La guerre en Ukraine et les sanctions imposées par les pays de l’OTAN viennent afficher au grand jour la dépendance énergétique dont se sont rendues coupables certaines nations du vieux continent.
Ainsi la question de savoir si l’Europe est en mesure de se passer du gaz et du pétrole russe est ouverte. Par ailleurs et dans l’affirmative, quelles pourraient être les solutions alternatives ?
C’est sur ces questions que j’étais l’invité le 9 mars dernier sur la chaîne d’information now.asharq en compagnie du Dr Jawad Al-Anani, ancien vice-premier ministre jordanien chargé des affaires économiques et ancien ministre jordanien des affaires étrangères et Damir Kudryakov, professeur d’économie à l’Université russe de l’amitié.
Si les États-Unis, qui ont récemment imposé un embargo sur les produits énergétiques russes n’ont pas de craintes à avoir dans la mesure où ils n’importent que 8% de pétrole russe et 0% de gaz, ce n’est pas le cas de l’Europe.
En effet, le continent européen importe pas moins de 30% de pétrole russe, et 40% de gaz russe. Se priver de ce fournisseur pourrait mettre en danger la fourniture d’énergie des populations. De plus, les pays européens entre eux ne sont pas logés à la même enseigne. En France par exemple, où nous importons environs 17% de gaz, notre fournisseur principal est la Norvège. Ainsi, l’incidence pour notre pays serait moindre, ce qui n’est pas le cas de certains pays de l’Est (massivement dépendant) et l’Allemagne qui a énormément besoin du gaz russe pour à la fois répondre à la demande dans cette énergie, mais également pour pallier à l’intermittence des éoliennes (je rappelle que le pays a décidé de se passer de ses centrales nucléaires et a donc tout misé avec le gaz et le charbon sur ces énergies renouvelables).
La conséquence première de ce conflit tragique se concrétise, pour nous européens, par une hausse significative et journalière des prix de l’énergie et le passage à la station service est de plus en plus douloureux. Pour la première fois de notre histoire, le litre de carburant vient de dépasser les 2 €, et l’augmentation n’est pas prête de s’arrêter.
Selon un plan d’urgence établit par l’Agence internationale de l’énergie, l’Europe ne sera pas capable de réduire de beaucoup plus d’un tiers ses importations de gaz russe en 2022 et mettra plusieurs années avant de pouvoir s’en passer en subissant des hausses de prix importantes.
Mais alors quelles sont les solutions alternatives pour cesser cette dépendance à l’égard de la Russie, lui rapportant par ailleurs énormément d’argent, pouvant servir à financer la guerre en Ukraine (50 milliards de dollars de recettes encaissées par la Russie l’an dernier rien que pour l’exportation de son gaz).
J’ai déjà évoqué ces pistes sur l’antenne dont j’étais l’invité le 1er février dernier. D’autres fournisseurs existent tels la Norvège, l’Algérie, l’Azerbaïdjan, ou bien le Qatar et les États-Unis (gaz naturel liquéfié). Cependant pour ces dernier un manque cruel d’infrastructures est à observer, additionné au fait que le transport maritime de ces énergies est loin d’être bénéfique à l’environnement.
Cependant pour que de nouveaux contrats émergent, il faut du temps, et dans cet entrefait là, l’Europe ne peut se passer du gaz et du pétrole russe. C’est la raison pour laquelle l’Allemagne a fait savoir qu’elle s’opposerait à un embargo similaire aux décisions prises par les États-Unis et la Grande-Bretagne.
D’ailleurs en parlant de climat, il ne faut pas écarter le fait que la privation des énergies russes entraine les pays dépendant au gaz à retourner vers le charbon qu’ils disposent massivement pour répondre à leurs besoins. Cela entrainerait bien entendu une production de CO2 en hausse significative, ajoutant à la crise humanitaire une crise écologique.
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