
Mardi 16 novembre 2021 en direct de Dubaï j’étais une nouvelle fois l’invité de الشرق للأخبار Asharq News pour évoquer la pénurie des puces électroniques et des semi-conducteurs. J’ai pu évoquer les raisons qui conduisent aujourd’hui au déséquilibre entre l’offre et la demande, notamment hérité de la crise sanitaire, de cette dépendance vis-à-vis de l’Asie à solutionner par une reindustrialisation nécessaire des Nations, sans oublier l’enjeu économique que représente ces éléments électroniques indispensables aujourd’hui dans pléthores d’équipements allant du véhicule aux smartphones en passant par nos ordinateurs comme nos produits électroménagers.
Tout d’abord il convient de rappeler ce qu’est qu’une puce électronique ?
C’est un petit composant électronique composé de silicium permet de faire fonctionner des objets électroniques. Ces puces sont présentes partout (dans nos véhicules, ordinateurs, consoles de jeux-vidéo, smartphone, téléviseurs
électroménager etc), elles sont comme le cerveau de l’être humain et sont indispensables.
Ces éléments microscopiques représentent un marché de 442 milliards de dollars en pleine croissance dominée par deux géants : Samsung, en Corée, qui produit 28 % du marché mondial, et TSMC, à
Taïwan, qui fournit 50 % des besoins mondiaux.
Il est intéressant de rappeler que la Chine ne maîtrise pas la production, mais elle est positionnée sur l’assemblage.
Pourquoi assistons-nous à une pénurie des composants électroniques ? Il y a plusieurs facteurs à cela :
- La crise sanitaire avec des confinements qui ont fait ralentir les chaines de production mondiales,
- L’usage intensif du télétravail qui a généré une forte demande en appareils électroniques,
- La reprise économique qui est plus forte que prévue,
- Mais également et il faut le rappeler, les mésententes économiques et commerciales entre la Chine et les États-Unis (durant la dernière année de mandat de Donald Trump, des sanctions à l’encontre de Taiwan). Joe Biden a confirmé cette politique en allant plus loin en privant la Chine d’équipements américains dont elle a besoin en alliant le « Made in USA ».
Quelles sont les alternatives à ces puces électroniques si elles existent ?
Elles sont très difficiles à trouver ! Il est quasiment impossible de se passer des puces électroniques aujourd’hui.
- On pourrait éventuellement s’appuyer sur les propriétés magnétiques, cependant bien qu’elles consomment peu d’énergies, elles sont beaucoup moins performante,
- On pourrait éventuellement utiliser des transistors liquides, cependant les recherches doivent continuer,
- On pourrait utiliser des transistors papiers, cependant ils sont beaucoup moins rapides que le silicium.
En réalité il n’y a pas aujourd’hui d’alternatives, si ce n’est modifier nos usages en favorisant par exemple le reconditionnement (c’est à dire recycler les vieux équipements), hélas ça ne serait pas rentable dans le temps. Il convient alors de soutenir les investissements en recherche et développement, faire en sorte que les équipements durent plus longtemps tout en cessant la
commercialisation de nouveaux modèles trop régulièrement mais surtout la clé sera la réindustrialisation des Nations (il existe des experts en Italie, en Allemagne et au Pays-Bas, en France également mais aussi aux États-Unis qui permettraient de ne plus être aussi dépendant envers Taiwan et la Chine).
Pour illustration, le secteur le plus touché est celui de l’automobile où les puces électroniques et les semi-conducteurs manquent.
Plusieurs usines ont du arrêter leur production. Au niveau mondial cela pourrait représenter la production de 7,7 millions de véhicules en moins dans le monde en 2021, et donc un manque à gagner pour les constructeurs de l’ordre de 180 milliards de dollars. Certains groupes décident de retirer des options gourmandes en puces électronique comme par exemple le compteur numérique qui disparait au profit du vieil affichage analogique).
Selon le patron d’Intel et celui d’AMD, il n’y aurait pas d’équilibre entre l’offre et la demande avant plusieurs mois, jusqu’à l’été 2022 et le secteur serait tendu jusqu’en début d’année 2023, dans la perspective où il n’y aurait pas de nouveaux confinements dans le futur.
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