




Le 28 septembre dernier, j’étais l’invité de la chaîne d’information Now.Asharq en direct de Dubaï afin d’évoquer les fuites de gaz étant survenues dans les gazoduc Nord Stream 1 & 2.
Pour cette émission, j’étais accompagné du Dr. Fahd bin Juma (conseiller économique).
J’ai tout d’abord confirmé que l’hypothèse d’un sabotage est probable, de telles fuites étant inhabituelles, surtout de façon simultanée sur les deux lignes de Nord Sream 1 et une ligne de Nord Sream 2.
Du fait de la profondeur, la nature et l’ampleur des dommages nécessiteront du temps pour être déterminées. Il n’est pas à exclure que ces fuites puissent condamner l’un ou l’autre des gazoducs, ou tout du moins être particulièrement complexes à réparer, notamment si de l’eau de mer entre dans les gazoducs et commence à en corroder l’acier.
Il faut rappeler que ces deux gazoducs étaient à l’arrêt : Nord Stream 2 car il n’a jamais servi, l’Allemagne ayant bloqué sa mise en service peu avant l’invasion de l’Ukraine et Nord Stream 1 car la Russie avait cessé ses livraisons via ce gazoduc début septembre en réponse aux sanctions européennes.
Il est improbable que ces gazoducs puissent reprendre du service à court et moyen terme.
J’ai également rappelé qu’à eux deux, Nord Stream 1 et 2 contiendrait pas moins de 350 000 tonnes de gaz,principalement du méthane, un puissant gaz à effet de serre (GES), le deuxième émis par les activités humaines à l’origine du réchauffement climatique.
La Russie accuse implicitement les États-Unis d’être à l’origine d’un acte terroriste. Joe Biden avait en effet affirmé qu’il « mettrait fin » à Nord Stream 2 si la Russie intervenait militairement en Ukraine. De là à penser en un tel acte il y a un monde.
J’ai resitué le contexte en rappelant qu’en 2021, l’UE consommait 400 milliards de mètres cubes de gaz. Environ 45% des importations du gaz naturel proviennent de Russie, c’est-à-dire 155 milliards de m3.
La Commission européenne a présenté un plan assis sur 3 pilliers :
- diversifier l’approvisionnement en gaz
- (GNL : Qatar, des États-Unis, d’Égypte et d’Afrique de l’Ouest,
- Gazoduc : Azerbaïdjan, d’Algérie et de Norvège).
- accélérer massivement le déploiement des énergies renouvelables
- baisse de 30 % des besoins en gaz d’ici 2030, c’est à dire 116 milliards de mètres cubes,
- augmenter de 40% à 45% l’objectif pour 2030 en matière d’énergies renouvelables.
- et faire d’importantes économies d’énergie.
Cependant, la face cachée de la crise énergétique est que jamais l’Europe n’a autant acheté de gaz russe… par bateaux.
Depuis le début de l’année, les importations de gaz naturel liquéfié (GNL)
en provenance de Russie ont augmenté de 13%, Elles s’élèvent déjà à 11 millions de tonnes à fin août et devraient largement dépasser le niveau des importations de GNL Russe sur 2021 qui étaient de 13 millions de tonnes.
L’Europe sanctionne la Russie par divers moyens, mais continue de payer cher son gaz…
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