L’augmentation du coût de l’énergie est sur toutes les lèvres, dans tous les dialogues, et s’invite particulièrement dans ce que l’on peut appeler désormais la pré-campagne présidentielle.

Une évidence me diriez-vous, à l’heure où le portefeuille des ménages est grandement impacté par les hausses à répétition dans pléthores de secteurs, influant grandement sur leur pouvoir d’achat et se retrouvant pour certains obligés de se priver de loisirs pour honorer les factures mensuelles d’électricité.

Dans son rapport mensuel couvrant la période du mois de novembre 2021, RTE (le réseau de transport de l’électricité) nous informe de notre consommation en comparaison à la même période une année auparavant :

le prix journalier moyen mensuel français augmente significativement et s’établit à 217 €/MWh soit une hausse de 44,6 €/MWh (+26 %).

Derrière ces chiffres se cache une histoire ubuesque ; celle qui ferme nos centrales nucléaires décarbonées pour favoriser d’autres énergies moins vertueuses, poussant ainsi notre fourniture d’électricité proche du précipice.

En effet, bénéficier d’une production électrique basée sur nos centrales nucléaires à hauteur de 70 %, permet à la France d’en maîtriser son coût et donc d’abaisser la facture payée par le consommateur ou bien par les entreprises qui en ont besoin. Le tarif français, qui est l’un des moins d’élevé d’Europe, est pourtant en net hausse ces dernières années. Plusieurs facteurs entrent en jeu ; ce peut être la conséquence de l’installation massive des éoliennes moins écologiques que l’on peut l’entendre (voir mon dossier à ce sujet) ; ce peut être à cause de la loi dite ARENH (Accès régulé à l’énergie nucléaire historique) qui oblige EDF à vendre à ses concurrents, désormais plus du quart de sa production à un prix dérisoire tout en étant obligé de la racheter à un prix subventionné bien plus élevé (sans oublier l’arrêté Cochet du 08/06/2001 contraignant une nouvelle fois EDF de racheter de l’électricité d’origine éolienne à un prix garanti pendant 15 années ; ce peut être également à cause de la fermeture de nos centrales nucléaires, comme celles de Fessenheim.

Le désormais président Français qui souhaite relancer la construction de réacteurs nucléaires sur le territoire national a pourtant souhaité la fermeture et le démantèlement en 2020 de la centrale nucléaire de Fessenheim qui était pour mémoire totalement amortie et qui pouvait, moyennant – selon les spécialistes – un investissement peu coûteux, fonctionner encore une bonne vingtaine d’années, continuant d’offrir une électricité peu chère.

Par cette décision irraisonnable, la France a supprimé de son réseau une capacité de production dont le coût était quasi nul1.

Notre territoire se prive donc d’une production avoisinant les 2,2 % de la production électrique totale en 20182, ce qui a pour conséquence immédiate la réouverture des dernières centrales à charbon existantes sur notre sol, bien moins bénéfiques pour notre environnement.

Enfin, si l’on croit compenser cette perte de production d’électricité par la construction d’éoliennes sur notre sol terrestre ou marin voire même par l’installation de panneaux photovoltaïques, cela est en réalité un véritable mensonge. A titre de comparaison, le réacteur nucléaire n° 1 de Fessenheim avait un facteur de charge de 80,5 % en 2019 et 91,3 % en 2018, là où les panneaux photovoltaïques ont représenté 14 % en 20193.

Ces quelques chiffres nous permettent de constater la dangerosité visant la fermeture de nos centrales nucléaires qui impactera significativement plusieurs domaines :

  • Des emplois en danger : la filière nucléaire électrique française étant le 3ème acteur industriel français générateur d’emplois non délocalisables, une fermeture de ces centrales entrainerait des suppressions de postes. Il est important de rappeler ici que les emplois supprimés dans le nucléaire sont en réalité financés par le coût de revient de l’électricité, là où dans les énergies renouvelables, les emplois sont créés artificiellement par les subventions publiques et l’argent des contribuables1,
  • La souveraineté énergétique sera remise en cause : la France est en train de brader son énergie nucléaire pour la remplacer par une industrie étrangère. Pour mémoire, 94 % des mats éoliens installés en France sont étrangers (Danois et Allemand pour la plupart)4,
  • Vers une perte du savoir-faire français : notre nation est la meilleure au monde dans le secteur nucléaire, grâce notamment à ses ingénieurs et à ses salariés. Faut-il rappeler que la France a construit 25 % du parc nucléaire mondial dans pas moins de 12 pays différents qui utilisent donc la technologie française. EDF est donc le premier exploitant mondial de centrales nucléaires (20 % de parts de marché dans le monde),
  • Vers une perte financière : nos exportations d’électricité – grâce au concours de nos centrales nucléaires – ont rapporté en 2019 la somme colossale de 2,2 milliards d’euros.

Cette liste non-exhaustive permet de constater les dégâts principaux et collatéraux que causeraient la fermeture des centrales nucléaires françaises. A ceux qui jouent sur la peur, qui extrapolent des théories d’apocalypse et rêvant peut-être d’accident nucléaire, faut-il leur rappeler l’excellente compétence de notre pays en la matière ? Que les règles de sécurité sont certainement les plus drastiques au monde et que l’ensemble de nos centrales doivent répondre à un cahier des charges précis, méticuleux et particulièrement exigeant en matière de sécurité ? Enfin, tous les scénarios néfastes ont été envisagés et quand bien même il surviendrait un dysfonctionnement, nos ingénieurs et salariés seraient en mesure d’y répondre puisqu’ils ont été formés en conséquence.

Vouloir entrainer notre Nation vers une sortie du nucléaire car considéré comme trop dangereux, serait comme interdire les véhicules à la circulation pour la même raison.

Quant à la « dangerosité » supposée de la fission nucléaire, nous en parlerons dans un article prochain.

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1 Fabien Bouglé – « Nucléaire, les vérités cachées, face à l’illusion des énergies renouvelables » – édition du Rocher (septembre 2021).
2 « Centrale nucléaire de Fessenheim », Connaissance des énergies, 01/09/2020.
3 RTE – Bilan électrique, 2019.
4 Observatoire de l’éolien 2020.

Image par jplenio de Pixabay

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