Le 27 janvier 2023, j’étais l’invité de la chaîne d’information Now.Asharq en direct de Dubaï pour évoquer les investissements massifs des pays en faveur des énergies « vertes ».

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J’ai d’emblée rappelé que le terme « énergies vertes » ne veut absolument rien dire. On parle d’énergie renouvelable, c’est à dire des sources d’énergie dont le renouvellement naturel est assez rapide pour qu’elles puissent être considérées comme inépuisables à l’échelle du temps humain. Elles proviennent de phénomènes naturels.

L’on observe pour autant un investissement massif en renouvelables certes, mais la consommation en énergie fossile (charbon, pétrole, gaz…) ne faiblit pas, pire elle augmente.

Sur le premier point, les énergies renouvelables et les transports électrifiés ont récolté la majeure partie de ces dollars. Ces secteurs ont été stimulés par la montée en flèche des installations éoliennes et solaires – avec plus de 350 gigawatts d’actifs construits – et les ventes de plus de 10 millions de véhicules électriques dans le monde qui représentent l’essentiel des dollars de transport investis (380 milliards de dollars).

Cependant il convient de rappeler que la production d’électricité des éoliennes et du photovoltaïque est largement inférieur aux attentes (quelques pourcents à peine).

L’hydroélectricité est la grande oubliée des énergies renouvelables. Et cela en dépit des avantages considérables qu’elle représente par rapport à l’éolien et au solaire. Elle assure des puissances importantes, n’est pas intermittente, permet de stocker l’énergie et les installations sont construites pour de très nombreuses décennies. Une étude récente publiée par le journal Nature Water souligne que le potentiel de développement hydroélectrique avec des critères environnementaux stricts est bien plus important que ce qui est estimé. En Asie, en Afrique mais aussi dans les pays développés en modernisant les équipements existants.

L’hydroélectricité fournirait aujourd’hui près de la moitié de la production d’électricité à faible émission de carbone dans le monde. La contribution de l’hydroélectricité serait selon certains chiffres supérieure de 55 % à celle du nucléaire et supérieure à celle de toutes les autres énergies renouvelables combinées, y compris l’éolien, le solaire photovoltaïque, la bioénergie et la géothermie. En 2020, l’hydroélectricité a fourni 17 % de la production mondiale d’électricité, la troisième source après le charbon et le gaz naturel.

Sur le deuxième point, et pour ceux qui espèrent un reflux de l’inflation, notamment avec la baisse assez spectaculaire des prix du gaz et de l’électricité depuis plusieurs semaines, la nouvelle n’est pas très bonne. En effet, le baril de pétrole est reparti à la hausse et cela pourrait même être une tendance durable. C’est en tout cas ce que pense l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Son directeur exécutif Fatih Birol a expliqué que les marchés de l’énergie et surtout celui du pétrole pourraient être tendus cette année (2023) à la fois du fait du rebond de l’économie chinoise, premier importateur mondial d’or noir, et des difficultés de l’industrie pétrolière russe soumise aux sanctions occidentales. Le cartel de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) fait exactement la même analyse et se réjouit lui des perspectives économiques pour l’année 2023…

Le prix du baril de qualité Brent de la mer du Nord a ainsi dépassé le 23 janvier le seuil des 88 dollars, son plus haut niveau depuis novembre dernier. Quant au baril de qualité West Texas Intermediate (WTI), il suit la même tendance à près de 82 dollars, son plus haut niveau depuis le 17 novembre. Toutefois, le retour en forme de l’euro face au dollar devrait alléger la facture pétrolière européenne. Tandis que fin septembre dernier, le dollar valait plus d’un euro, la monnaie américaine est retombée actuellement autour de 0,92 contre la devise européenne.

En réalité, les cours du pétrole sont guidés par deux perspectives contradictoires, celle d’une possible récession aux États-Unis et celle d’un redémarrage rapide de l’activité économique chinoise.

Rappelons que la crise énergétique en Europe et les conditions météorologiques en Chine ont entraîné une augmentation de la demande mondiale de charbon en 2022. L’AIE s’attend à ce que cette embellie dure jusqu’en 2025.

Le rapport précise que la consommation mondiale de charbon a augmenté de 1,2% en 2022 pour atteindre un niveau record de 8 milliards de tonnes.

En proie à une grave crise énergétique consécutive à la guerre en Ukraine, plusieurs pays européens se sont tournés vers des ressources fossiles plus abordables que le gaz dont les prix ont flambé. C’est notamment le cas de la France et de l’Allemagne qui ont réactivé leurs centrales à charbon.

Rappelons enfin que la consommation indienne de charbon, qui enregistre une croissance annuelle moyenne de 6% depuis 2007, devrait continuer à être le principal moteur de la demande mondiale de charbon dans les prochaines années alors que l’utilisation de ce combustible fossile maintiendrait sa trajectoire descendante aux États-Unis.

Le rapport relève par ailleurs que la stabilisation de la demande mondiale de charbon ne devrait durer que quelques années avant de commencer à décliner, comme en témoigne le manque d’appétit des investisseurs (banques gouvernements, sociétés d’investissement, compagnies minières) pour le charbon, et plus particulièrement pour le charbon thermique.

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